Épargne en fonction de l’âge : calculer le montant idéal à avoir de côté

La règle du triple salaire annuel à 40 ans ne fait pas l’unanimité chez les économistes. Certains préconisent d’atteindre un an de revenus dès 30 ans, tandis que d’autres abaissent la barre, plaidant pour la flexibilité face à l’instabilité professionnelle.

Les seuils d’épargne varient selon les pays, la fiscalité, le coût de la vie et les changements de carrière. Les recommandations évoluent avec l’âge, mais aussi selon la capacité à investir ou à faire face à des imprévus. Les chiffres ne sont jamais universels.

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Pourquoi le montant d’épargne varie-t-il selon l’âge ?

Les possibilités d’épargner suivent le fil des années. À 25 ans, difficile de rivaliser avec la capacité d’un quadragénaire à mettre de l’argent de côté. La vie change, les priorités s’ajustent, et la pression des dépenses s’invite ou s’atténue selon les périodes. Quand on débute, entre des petits salaires, l’incertitude professionnelle et parfois des frais d’études à solder, le taux d’épargne reste souvent modeste, bien loin de la moyenne nationale.

Arrivé à la trentaine, l’équation se complexifie. Les revenus progressent, la stabilité s’installe, mais les dépenses grossissent : logement, impôts, enfants. Chacun doit alors composer avec la nécessité de protéger ses arrières, en s’efforçant de constituer une épargne de précaution. L’Insee confirme que le niveau de vie médian des Français grimpe au fil de l’expérience professionnelle, et que l’épargne suit la même trajectoire. Pourtant, les écarts d’un foyer à l’autre restent notables.

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Derrière les grandes moyennes se cachent des réalités très différentes. Selon l’Insee, le taux d’épargne moyen des ménages en France dépasse 18 % du revenu disponible brut. Mais cette statistique lisse d’importantes disparités entre générations et catégories socio-professionnelles. À chaque étape, de nouveaux objectifs, acheter un bien, préparer la retraite, financer les études des enfants, réorientent la manière d’épargner.

Ainsi, le montant à viser n’a rien d’absolu. Il dépend du salaire, du mode de vie, des besoins propres à chaque moment de la vie. L’enjeu consiste à ajuster son plan d’épargne, à le piloter finement, en tenant compte de sa réalité.

Quels repères pour savoir combien épargner à chaque étape de la vie ?

Les repères changent avec l’âge. Pour déterminer combien mettre de côté, beaucoup s’appuient sur la méthode des multiples de salaire annuel. Des institutions comme Fidelity ou la Banque Nationale du Canada ont popularisé cette approche chiffrée, régulièrement citée dans les analyses internationales.

Voici, selon cette logique, quelques jalons à garder en tête :

  • À 30 ans : viser l’équivalent d’une année de salaire net constitue un premier seuil réaliste.
  • À 40 ans : la barre monte à 2 à 3 fois le salaire annuel.
  • À 50 ans : l’objectif s’élargit, entre 4 et 6 années de revenus à conserver.
  • À l’approche de la retraite, avoir de côté 8 à 10 fois son dernier salaire annuel permet d’aborder l’avenir avec sérénité.

Ces repères ne sont utiles que si l’épargne suit, et si la vie, professionnelle ou personnelle, ne vient pas tout bouleverser. L’effort doit rester progressif, adapté, jamais déconnecté de la réalité individuelle. Kimmie Greene (Fidelity) et Elizabeth Warren rappellent d’ailleurs l’importance de se constituer d’abord une épargne de précaution, soit 3 à 6 mois de dépenses courantes, avant de viser plus loin.

Gardez le cap grâce à ces balises, mais sans tomber dans l’obsession. L’essentiel est de faire coïncider l’épargne avec ses projets, son tempérament, son horizon. Les repères aident à se situer, pas à s’enfermer.

Zoom sur les montants recommandés d’épargne par tranche d’âge

Le parcours de vie se reflète dans les montants épargnés. Avant 30 ans, il est rare de disposer d’un capital conséquent : selon l’Insee, le patrimoine brut des moins de 30 ans stagne sous la barre des 20 000 euros. Les premiers salaires laissent peu de marge de manœuvre, et le taux d’épargne plafonne aux alentours de 8 % du revenu disponible.

Arrivé à la quarantaine, la courbe s’accélère. Le patrimoine médian décolle, porté par la hausse des revenus et l’accession à la propriété. Selon l’Insee, l’épargne annuelle moyenne grimpe près de 16 % à cet âge. Ce chiffre camoufle des écarts importants, mais donne un ordre d’idée : voir 60 000 à 80 000 euros d’épargne à 40 ans n’a rien d’exceptionnel pour un ménage classique.

Voici quelques repères de montants moyens selon les grandes tranches d’âge :

  • Avant 30 ans : entre 10 000 et 20 000 euros d’épargne accumulée
  • Entre 40 et 50 ans : entre 60 000 et 100 000 euros
  • Après 60 ans : plus de 120 000 euros en moyenne d’après l’Insee

Comparer avec l’étranger révèle que la France se situe parmi les pays européens les plus épargnants. Pourtant, l’éventail des situations reste large : le niveau de diplôme, le parcours professionnel ou l’héritage pèsent lourd dans la balance. Ces moyennes cachent des contrastes puissants, propres au modèle social français.

argent vieil

Conseils pratiques pour renforcer son épargne et préparer l’avenir

Pour muscler son épargne, la clé réside dans la régularité, pas dans le montant ponctuel. Réussir à placer 100 euros chaque mois sur un Livret A ou un LDDS vaut bien mieux que d’attendre un coup de chance ou une prime exceptionnelle. Programmer des virements automatiques vers son plan d’épargne allège la charge mentale et rend l’effort presque invisible sur le long terme.

L’atout majeur ? Les intérêts composés. Même de petites sommes, investies tôt, finissent par faire la différence. Sur vingt ans, l’écart se creuse avec ceux qui attendent pour démarrer. Les profils les plus actifs privilégient les placements dynamiques : PEA ou assurance vie multisupport, qui conjuguent rendement et gestion du risque, tout en profitant d’une fiscalité avantageuse.

Selon l’étape de vie, la stratégie s’affine :

  • Avant 35 ans : l’objectif prioritaire consiste à sécuriser une épargne de précaution, équivalente à 3 à 6 mois de revenus, à placer sur Livret A, LEP ou LDDS.
  • Après 35 ans : place à la diversification. Le PEA pour miser sur les actions européennes, l’assurance vie pour garder de la souplesse, un PER pour la retraite. Les placements immobiliers (SCPI) se démarquent aussi, grâce à leur rendement et leur simplicité d’accès à la pierre-papier.

L’assurance vie joue également un rôle central dans la préparation de la transmission du patrimoine. Ce placement offre un cadre fiscal attractif, notamment lors des successions. À chaque âge, il faut donc ajuster la répartition de ses placements : horizon, niveau de risque, ambitions pour l’avenir, tout compte.

Épargner, c’est accepter que la vie n’ait pas de mode d’emploi unique. Les repères existent, les stratégies s’adaptent, mais la trajectoire reste singulière. À chacun d’écrire sa propre partition, en gardant l’œil sur ses objectifs et les pieds sur terre.